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4- Populo des Couronnes   /   L'Etoile rousse

                                    La Dépêche  du Midi  1975

Sorti chez Publi-Fusion en mars 1995, ce roman avait déjà paru 20 ans auparavant en feuilleton dans La Dépêche du MIdi, en 1975.

Il a été réédité chez De Borée en 2004 dans la Collection Terre de poche  sous le nouveau titre de "L'Etoile rousse", changement de titre non approuvé par les ayants-droit.

Un contact avec Telfrance en 1995 pour une éventuelle adaptation télévisuelle n'avait hélas pas été concrétisé pour raison inconnue.

Les collines de Frontenac sont ici un des éléments du livre, à travers le décor  réel des Couronnes, avec Populo, vieux paysan solitaire qui souffre de la disparition mystérieuse de sa fille Bérangère.

Le secret familial et l'intrigue amoureuse qui se noue entre Julien, le fils, et Tinou, la rousse et fraîche servante, sont étroitement mêlés et donnent un rythme palpitant au roman.

Comme  dans  ses 4 derniers romans, l'auteur  part de la peinture  d'un véritable personnage  du village pour broder autour de lui  une fiction  romanesque, tel Populo et sa maison  sur les Couronnes vers laquelle il remontait du village tous les dimanches avec son pain  et son petit coup de gnole qui lui faisait chanter à tue-tête un chant latin "De populo"...., d'où le facile surnom donné par les villageois amusés.

Note- C'est à  partir de  l' édition de cet ouvrage que le ciel s'assombrit entre Yvette et son éditeur. Choquée par la couverture du livre dont elle n'approuvait  ni le visage disgracieux de Populo , ni la présence du fusil, elle ne put arriver à la faire changer et elle en fut meurtrie.

Extraits:

"Populo se hâte, sa montre de gousset marque cinq heures. Après la traversée du village, le voici arrivé au pied de son coteau, en haut duquel culmine un bonnet de pâturages. Cette coiffe verte, soufflée comme une bulle sur le ciel, s'appelle les Couronnes. C'est là-haut qu'il gîte, là-haut qu'il naquit, voilà plus de soixante-dix années."De populo barbaro..." Le souffle court, il va"...... (chap.1, p.10)

"Elise avance dans les ombres, pas mécontente de se reposer, de refroidir quelque peu ce corps qui la brûle. Elle se laisse aller sur les mousses avec un plaisir béat. En face d'elle, Julien, s'est assis, a quitté son chapeau. Elle dénoue son foulard. Des mèches aux tons d'écureuil s'évadent en désordre. Elle lève les bras, redresse et tord la masse affaissée du chignon, enfonce à nouveau les fourches d'écaille, puis, de son mouchoir, boit la sueur de son cou, de ses bras, de son visage."  (chap.4, p.51)

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5- Rue des Nèfles

 

 

 

Paru chez  Publi-Fusion en mars 1997. En partie autobiographique.

Réédité en livre de poche chez De Borée en  février 2014.

 

Le livre, seul des romans de l'auteur à planter son décor  en ville, retrace un épisode de la vie de l'auteur, épouse et mère, entre 1965 et 1970, au temps où la famille vivait dans une ancienne rue au coeur de Figeac, la rue de Colomb.

Le quotidien joyeux et animé d'une famille de son temps offre un fort contraste avec la monotonie surannée émanant d'un voisinage de vieilles femmes.

Extraits:

"Des émois naquirent de notre présence, troublèrent la surface lisse de cette mare, nous n'en fûmes pas conscients dans l'immédiat. Nous étions  bien trop étourdis pour nous en soucier et puis, nous ne savions pas que nous venions d'arriver chez les Nèfles."

"Qui n'a pas participé à un jour de 15 à Figeac est passé à côté d'une manifestation pittoresque, colorée, chaleureuse. Ce jour-là, la ville s'ouvre à la campagne, la ville reçoit. La quintessence du terroir lotois se déverse sous le marché couvert et sur les jolies places dont on garde, malgré leurs nouveaux noms, les anciens, plus évocateurs: place de la Volaille, place aux Herbes, place des Châtaignes. Ces appellations imagées fleurant bon la vie rurale survivent à toutes les les modes". (p.103)

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6-La Soupe des autres

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernier roman publié chez Publi-Fusion en avril 1998, réédité chez De Borée d'abord en septembre 2006, puis en collection Terre de poche en mai 2010. S'y ajoute aussi une parution aux éditions Le Grand Livre du mois en octobre 2006.

Comme pour Populo, Yvette Frontenac a mis en scène un personnage  connu de tous les Frontenacois car il se louait  dans toutes les fermes pour des travaux des champs et se prénommait Marius, enfant de l'Assistance publique, au rire et au bégaiement familiers à tous. Sans famille, il mangeait le plus souvent "la soupe des autres".

Elevé au rang de héros romanesque, il prit le prénom de Valérien et eut droit , malgré ses malheurs et misères, à une belle histoire d'amour avec Jeanne, sa soeur de lait et à une fin heureuse.

Dans sa vraie vie, hélas, Marius fut retrouvé avec sa mobylette en bas de la falaise de Faycelles , mangé par les  corbeaux, mais l'éditeur refusa cette fin sinistre et obligea l'auteur à changer la conclusion de l'histoire. Les éditeurs sont tout-puissants !

Extraits:

"Charitable, la jeune mère....déboutonna son caraco et présenta son téton à l'enfantine bouche toute neuve. Valérien se mit à l'aspirer gauchement puis, peu à peu, prit le rythme. Une écume blanche  qu'il laissait échapper déborda vite des petites lèvres roses. Un moment après, repu de cette  première soupe des autres, le nourrisson s'endormit d'un coup, épuisé par  le rude après-midi où il venait de naître au monde".  (préambule p.15)

"Ce premier hiver de solitude s'avéra lourd d'ennui, glacé, interminable [pour Valérien]. Les journées chez les fermiers s'étaient raréfiées. S'il restait au logis, il vivotait de peu, d'un quignon qu'il accompagnait d'un oignon, d'un peu de charcuterie, d'une sardine, qu'il achetait à l'épicier ambulant qui cornait avec insistance, arrêté devant le portillon."(chap.23)

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7- La Demoiselle du presbytère

 

Seul ouvrage non édité par Publi-Fusion car, non seulement la maison d'édition était proche de la faillite, mais l'éditeur refusa le sujet du livre qui  heurtait ses convictions catholiques et parce qu'il trouvait le livre moins bon que les autres. Yvette Frontenac dut alors se tourner vers un autre éditeur avec qui elle signa le contrat d'édition. Elle n'eut pas la joie de voir la sortie de son dernier bébé car elle mourut brutalement avant.

Sympathique équipe alors dirigée par Gérard Tisserand, De Borée sortit le roman en février 1999, puis en Terre de poche en mars 2003. Edité également en 2005 aux Editions Clin d'oeïl en gros caractères pour mal-voyants.

Le roman met en scène Bénédict Chanteau, depuis sa naissance  dans le domaine rural de  Rougerie dont il refusera l'héritage pour embrasser la carrière religieuse. Nommé curé au presbytère de Frontenac où il restera jusqu'à sa mort,  il y vécut avec sa soeur Florentine venue se mettre à son service. Mais l'avarice , l'ascétisme  et  l'indifférence aux choses de la vie terrestre de son frère causèrent son malheur et sa déchéance.

Là encore, l'auteur a choisi des personnages réels du village en la personne de l'abbé et de sa soeur. L'histoire d'amour malheureuse de Florentine est un  élément fictif mais le reste de l'histoire ,  à savoir l'attitude égoïste et mesquine du curé, et la folie de sa soeur, est authentique. Bien sûr, l'image de l'Eglise n'en sortait pas grandie à travers ce personnage peu héroïque.

Extraits:

"Monsieur le curé Chanteau fait les cent pas, bréviaire en main, sous les couverts de treilles de son allée. Un soir odorant et doux tombe tout autour de lui. Mais le jeune prêtre est peu sensible à la beauté ambiante: planche de petits pois blanche de ses fleurs posées comme autant de papillons, hampes crémeuses des seringats aux arômes incomparables, boutons de roses soyeux, hissés sur leur jambe verte, dodelinant au moindre souffle, Monsieur le curé ignore tout cela. Il ne regarde qu'au-dedans de lui-même."  (p.143)

"Frère et soeur sont les fidèles adeptes du brouet clair de la fable. Légumes prestement bouillis, fromageons de ferme peu onéreux bornent l'univers gastronomique du quotidien. Avec  l'oeuf du vendredi, le miel des ruches, les fruits du jardin, on se sustente  toute une année sans fantaisie. Les douceurs sont prohibées. Se nourrir seulement, tel est le but, afin d'entretenir la vie que l'on tient de Dieu."  (p.232)

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Les éditions De Borée ont repris les droits  des autres romans d'Yvette Frontenac à la demande de la famille et continuent de les gérer mais on a beau dire que nul n'est irremplaçable, un auteur disparu laisse un grand vide. Malgré les efforts de ses filles et de ses soeurs pour continuer à la représenter dans quelques Salons du Livre, l'absence de l'auteur ne peut être remplacée pour garder son oeuvre de l'oubli. Beaucoup de ses lecteurs enthousiastes ont aussi rejoint l'autre rive comme elle, mais il reste malgré tout quelques veilleurs attentifs qui vont aider à garder son souvenir encore actuel. Ainsi de l'écrivain poète Annie Briet, autre amoureuse de la terre lotoise, qui a préparé pour sa sortie en 2017 un ouvrage sur une vingtaine d'auteurs lotois, vivants et morts à parité presque égale. Yvette Frontenac est l'une d'entre eux pour la plus grande joie de sa famille.

Et parmi les lecteurs "anonymes" fidèles, je tiens à évoquer un cas particulier remarquable, celui de Jacques et Jacqueline Charneux, couple de retraités belges qui ont un jour découvert l'existence d'Yvette Frontenac, voici comment: en été 1999, ils passent des vacances  en gîte dans un hameau de Sainte-Féréole. La propriétaire leur fait lire "Les Années châtaignes" et "Les Années chantepleure", dédicacés tous les deux par l'auteur à la Foire du Livre de Brive. Rentrés  chez eux, Jacques  écrit à tout hasard à "Yvette Frontenac à Figeac" car il avait eu le coup de foudre. Le 20 septembre 1999, il reçoit une lettre d'Edmond qui lui annonce la mort de son épouse en 98 et qui lui fait aussi part  de sa reconnaissance.

La correspondance se poursuit, puis ils décident de venir à Frontenac où ils font la connaissance d'abord d'Edmond et Eliane, puis plus tard de moi, Brigitte.

Visiteurs fidèles pendant de longues années, ils ont maintenant cessé leurs voyages mais restent en contact épistolaire amical avec moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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       Annie Briet, écrivaine, poète                                Les amis belges à Frontenac avec Eliane

Intitulé à l'origine par l'auteure

"Le Chemin des Alleluias"

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